mardi 17 mai 2011

Culpabilité après Deux Mille Ans


Lorsque l'on parle de souvenirs de vies passées, on perd parfois de vue que ce sont naturellement les souvenirs les plus traumatisants qui résistent le mieux aux épreuves du temps...

Il y a une trentaine d'années, je visitais le Colisée par une belle journée ensoleillée et la pensée que cette magnifique construction avait certainement déjà dû m'accueillir au moins une fois au cours des âges, m'était venue, et je m'étais donc assis sur un gradin pour une petite méditation avec la vague intention de faire remonter un souvenir....  

Très vite une vision s'imposa. Je vis le Colisée plein de monde, le spectacle allait commencer et j'assistais à l'entrée de l'Empereur Auguste et de son équipe dirigeante qui se rendait vers la tribune officielle...

Un détail me frappait: le vêtement extérieur était une simple cape tenue fermée au niveau du cou par un seul bouton ou tout au moins ce qui me semblait un bouton... J'appris plus tard que cette sorte d'agrafe portait le nom de "fibule".

En effet, c'est au fil des âges que j'en appris davantage sur ce vêtement... A l'époque, en analysant l'image,  j'avais trouvé bizarre de ne pas voir Auguste porter une toge avec ce manteau de laine rouge que l'on voit partout, composé d'un simple rectangle de laine et qui servait également aux soldats romains de couverture... Au lieu de ça, Auguste portait donc une cape d'un vert brillant qui me faisait songer à de la soie.

Je m'aperçus que je faisais également partie du groupe et que je portais le même type de cape mais d'un brun violacé assez foncé.

Je devais donc être assez proche d'Auguste à cette époque. Mais pourquoi cette scène particulière m'était-elle revenue à la conscience? Il fallait avoir droit à la suite du flash, la demander et l'obtenir pour avoir la réponse...

Auguste donc se dirigeait lentement vers sa place sous les acclamations du public qui emplissait le Colisée. L'empereur ne s'abaissait pas à répondre aux ovations: il était Rome... et se plaçait ainsi à un autre niveau. Je me souviens qu'Auguste avait déjà pris place et, alors que les clameurs s'estompaient, comme j'étais parmi les derniers du groupe, je n'étais pas encore assis. C'est à ce moment que quelques voix de salutations, légèrement amusées m'avaient reconnu, deux ou trois, tout au plus, s'élevèrent pour me saluer directement et au lieu de m'asseoir discrètement, je leur répondis en souriant et en levant le bras.

C'était une grossière erreur... Une rare bêtise: paraître au lieu d'être simplement! Evidemment je devais faire comme Auguste: ne rien répondre et m'installer silencieusement à ma place. Toujours est-il que je m'en voulus beaucoup de cette intervention, j'avais beaucoup regretté ce geste maladroit et une simple visite au Colisée me faisait retrouver en moi 2000 ans plus tard la trace de cette culpabilité...